Et au milieu coule une rivière de Norman Maclean
Rédigé le 29 avril 2018
Premières phrases
Dans notre famille, nous ne faisons pas clairement la distinction entre la religion et la pêche à la mouche. Nous habitons entre l’ouest du Montana, au confluent des grandes rivières à truites, et notre père, qui était pasteur presbytérien, était aussi un pêcheur à la mouche qui montait lui-même ses mouches et apprenait aux autres à monter les leurs. Il nous avait expliqué, à mon frère et à moi, que les disciples de Jésus étaient tous des pêcheurs, nous laissant entendre – ce dont nous étions intiment persuadés tous les deux – que les meilleurs pêcheurs du lac de Tibériade étaient tous des pêcheurs à la mouche, et que Jean, le disciple préféré, pêchait à la mouche sèche.
Pourquoi ce livre
J’ai, comme beaucoup je pense, vu et revu le magnifique film éponyme de Robert Redford. J’ai appris bien longtemps après que le film avait été tiré du livre « La rivière du sixième jour » (en français). J’ai profité de la très belle réédition du livre de Norman Maclean chez les éditions Rivages pour le lire. Le titre a été modifié pour coller au titre VO et personnellement je préfère. Je le trouve magnifique ce titre.
Norman et Paul sont frères et tous deux passionnés par la pêche à la mouche, une passion qu’ils partagent avec leur père qui est pasteur. Dans la famille Maclean la pêche, c’est comme une religion.
Paul, le plus jeune, est un génie de la pêche à la mouche, il fait l’admiration de sa famille et de ses amis. Mais Paul a le coup de poing facile, ce qui le mènera à sa perte.
Ce récit autobiographique de Norman Maclean est un très bel hommage à son frère disparu.
L’auteur nous fait découvrir le splendide cadre dans lequel il a vécu : les montagnes rocheuses, les forêts denses, les rivières sauvages. Il nous parle de l’affection qu’il porte à son frère, de sa passion pour la pêche à la mouche.
L’écriture de l’auteur est magnifique, très poétique. Tout est beau dans ce livre : les sentiments, les descriptions des paysages — qui sont à couper le souffle —, les mots employés…
C’est un sublime récit empreint de nostalgie où la nature est omniprésente.
« A la fin, toutes choses viennent se fondre en une seule, et au milieu coule une rivière »
Même si j’adore le film, j’ai préféré lire le livre où l’on ressent plus encore la beauté des paysages. Le film se focalise un peu trop, à mon goût, sur le côté bad boy de Paul mais comme ça fait un moment que je ne l’ai pas visionné mes souvenirs sont peut-être biaisés.
En temps normal, je ne raffole pas des récits de pêche qui ont tendance à m’ennuyer, mais là j’ai lu presque religieusement les descriptions des parties de pêche, j’ai même été captivée par le passage où l’auteur nous explique comment choisir la bonne mouche au bon moment, c’était juste passionnant ! Je ne pêche pas (je n’ai pas la patience qu’il faut pour), mais j’avoue être en admiration par les pêcheurs à la mouche, je trouve le geste très beau. J’en croise très rarement, mais quand c’est le cas je suis obligée de m’arrêter pour les regarder.
J’ai dévoré ce livre en une après-midi de canicule, les images du film tournaient dans ma tête, j’avais l’impression de ressentir la fraîcheur des sapins et de la forêt. Un pur moment de bonheur. « Et au milieu coule une rivière » est un livre que je ne suis pas prête d’oublier et que je vais relire régulièrement. Je vais d’ailleurs vite me procurer « Montana, 1919 » du même auteur.
Si vous êtes adeptes de nature writing et de belles descriptions, jetez-vous sans attendre sur ce magnifique ouvrage, même si vous n’aimez pas la pêche. N’ayez pas peur, les mots de Norman Maclean sont si beaux que l’auteur pourrait presque vous faire changer d’avis.
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Et au milieu coule une rivière de Norman Maclean est publié dans la catégorie Lectures d’Amérique du Nord avec le(s) Thème(s) : Nature Writing
hélas, le film est nettement plus enchanteur que le livre dont les mots ne sont pas assez évocateurs pour moi.
J’ai moi aussi adoré le récit, en revanche, j’ai trouvé que le style était bancal à certains moments. Peut-être est-ce dû à la traduction ? Je n’ai pas eu la curiosité de pousser plus loin pour aller vérifier.